Construire une activité durable
Domaine des Gravennes

Ce qui m’a marqué quand j’ai rencontré Luc Bayon de Noyer c’est la légèreté avec laquelle il parlait de son métier.
Cette légèreté est généralement le signe qu’on a su mettre en place une activité qui nous ressemble. Et de fait, l’activité du domaine des Gravennes se développe à mesure que Luc et son frère s’épanouissent dedans.  
Comment ont-ils fait ?

Comprendre l’existant, ce qu’on veut et ce qu’on ne veut pas.

Le travail de construction a été opéré par les parents : leur héritage d’un domaine scindé en deux a fait qu’ils ont dû restructurer toutes les vignes et construire toute une clientèle.
En reprenant l’activité familiale, l’enjeu pour Luc et Rémi Bayon de Noyer était donc d’en faire une activité rentable et de la développer.

Or, pour s’engager dans le développement d’une entreprise sans s’y perdre, il y a généralement deux attitudes possibles :

  1. Se fixer un délai et des objectifs, organiser sa sortie en amont et construire le développement de l’entreprise en même temps qu’on construit son propre développement et sa propre suite.
  2. Être conscient de ce qu’on veut, et surtout de ce qu’on ne veut pas, puis déterminer une vision et mettre en place l’organisation et la stratégie qui nous permette de nous en approcher progressivement.

Et fondamentalement Luc et Rémi voulaient deux choses :

  1. Être vignerons, c’est-à-dire toujours toucher à tout, et ne pas avoir à se concentrer sur une dimension en particulier.
  2. « Se marrer », c’est-à-dire mettre en place une activité qui leur ressemble.

Partir de ce qui nous ressemble, et en déduire tout le reste

Commercialement

J’ai retrouvé la même douceur dans la description que Luc m’a partagée de la passation entre ses parents et son frère et lui que dans leur attitude commerciale : de fait, ils ont gardé la cuvée historique du Domaine, en ont simplement rafraichi un peu le design ; ils ont conservé la clientèle historique tout en en développant une autre et en avançant avec leur propre style.

Ils ont développé un rosé à leur image (la cuvée Les Frangins), ont augmenté leur proportion de blancs (demandes restaurants), créé des cuvées spéciales au design original (demandes cavistes), ont développé les ventes au domaine et à l’export (œnotourisme, concours).

Le point commun entre ces différents pôles c’est qu’à chaque fois Luc et son frère semblent répondre aux attentes des clients (très différentes) en restant parfaitement eux-mêmes.

Le meilleur exemple est celui des ventes au caveau, où ils ont réussi le tour de force génial de fédérer familles et groupes de jeunes adultes :

  • Familles, via une chasse au trésor dans les vignes : les enfants partent à la découverte d’indices et apprennent sur le vin, les parents ont une activité toute trouvée pour occuper l’après-midi et profitent d’une dégustation à la sortie.
  • Jeunes adultes et entreprises, via un Escape Game particulièrement bien mis en œuvre, où les équipes peuvent aller chercher des indices tout autour du caveau.

Plusieurs conséquences :
1- Ce sont eux qui vont vers les clients,
2- Ils permettent à un public réticent d’aborder et découvrir le vin via les activités,
3- Ils n’ont mis en place l’ensemble que parce que cela leur plaisait.

Culturalement

J’ai également retrouvé l’idée de légèreté et d’amusement à la vigne, où Luc et son frère entendent se développer de manière vraiment durable.
Deux exemples :
1- Quand ils arrachent une vigne ils replantent de la lavande, pour laisser reposer la terre (et produisent donc de l’huile essentielle).
2- Ils s’attachent au développement de la diversité : refaire des haies, des bois, de replanter des arbres au milieu des vignes (cette année ils ont pu replanter 1ha d’oliviers).

Et le domaine s’engage maintenant dans un vrai projet d’agroforesterie, où chaque nouvelle parcelle sera pensée en accord avec cette démarche : l’aventure commencera en 2022 sur 1ha, où ils vont permettre à différentes essences d’arbres (fruitiers, abricotiers, amandiers, oliviers) de cohabiter avec les vignes.



C’est comme s’ils avaient compris qui ils étaient, ce qu’ils représentaient, pour ensuite offrir avec beaucoup de générosité, l’expérience et le vin qui leur correspond.

La conclusion c’est qu’en se ménageant l’espace d’avoir une activité qui leur ressemble, Luc et Rémi Bayon de Noyer ont su la faire grandir sur différents plans.
C’est pour moi un très bel exemple de reprise de domaine : magnifier le passé en inscrivant sa marque dans le présent.

Le site du domaine Des Gravennes


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